FLASH INFO : INTERXION : A DIGITAL REALTY COMPANY CHANGE DE MARQUE ET DEVIENT DIGITAL REALTY - EN SAVOIR PLUS

Planification territoriale des data centers : pour une intégration apaisée

Le monde d’aujourd’hui est numérique, il le sera probablement encore davantage demain. Permettant d’accroître l’efficacité et la productivité, l’économie numérique sous-tend les enjeux de transformation de notre Société tout entière, qu’il s’agisse de gestion intelligente des villes et des territoires, ou de la création de services pour les citoyens en matière de santé, d’éducation, de culture, de divertissement, etc. Aucun domaine n’est épargné.  

Ces usages ont une matérialité : les réseaux télécoms et les data centers. Contrairement à ce que l’image du cloud peut laisser penser, il n’y a rien ici de vaporeux, tout passe par des infrastructures physiques.  

Peut alors se poser légitimement la question du prix à payer de la transformation digitale de nos sociétés : comment concilier bénéfices de l’économie réelle et préservation de l’environnement ? Parmi les différents enjeux autour de la soutenabilité de ces activités et d’un développement durable, vient assez rapidement la question de l’intégration territoriale de ces infrastructures numériques. Est-il possible de penser une intégration apaisée des data centers, véritables pierres angulaires de notre Société de plus en plus digitale, dans leurs territoires d’implantation ? 

La relation ville/data center au cœur des enjeux 

Ces infrastructures critiques, considérées d’importance vitale depuis 2006, sont urbaines. Elles évoluent au plus près des cœurs de réseaux informatiques, historiquement situés au sein des grandes villes françaises. Positionnés sur les autoroutes de l’information, ces data centers s’agrègent pour former des hubs, au plus près des sièges sociaux d’entreprises qui y louent des espaces d’hébergement, mais également au plus près des utilisateurs de tous les services numériques hébergés en son sein, soit nous autres consommateurs.  

Exposés à une réglementation extrêmement contraignante en Europe, et plus particulièrement en France avec notamment les autorisations ICPE (Installations classées pour la Protection de l’Environnement), les opérateurs considèrent étroitement leurs territoires d’implantation et consultent les publics concernés.  Les déploiements de data centers se font donc aujourd’hui sur la base de critères propres à leurs opérateurs et sous la contrainte d’un arsenal réglementaire. En 2021, on dénombrait plus de 200 data centers en France.  Cependant, aucun schéma directeur ne permet de planifier leurs déploiements à l’échelle des territoires.  

De la nécessité de penser et d’organiser le déploiement de telles infrastructures  

Il est étonnant de constater que l’intégration de telles infrastructures, consommatrices d’énergie, exposées au regard des populations avoisinantes, et ayant une emprise au niveau foncier ne soient pas pensée au préalable à l’échelle des territoires. Si la filière est assez largement engagée dans la réduction des consommations énergétiques propres aux bâtiments (vs serveurs qui appartiennent à leurs clients), peut-on pour autant attendre d’elle qu’elle auto-proclame seule des territoires d’implantations pré-définis ? La discussion privé/public est indispensable, sans quoi la filière s’expose à des leviers de boucliers, voire à des décisions radicales.    

Heureusement des discussions existent, mais pour l’heure pas de schéma directeur.  

Dans le cas de Marseille, en passe de devenir l’un des cinq principaux hubs d’échanges de données dans le monde, un comité de consultation a été créé à l’initiative de la Préfecture des Bouches-du-Rhône. Il a pour objectif de planifier, avec la Métropole, la Région Sud et le Grand Port Maritime de Marseille, dont la Ville de Marseille notamment, les déploiements de câbles sous-marins et de data centers sur le territoire. Cependant, après la consultation, doit venir le temps de la planification.  

Planification : transformer les contraintes du numérique en opportunités 

Il est possible de transformer certaines contraintes en opportunités pour la collectivité : récupération de la chaleur pour les habitations, mise en place de réseaux de froid, exploitation des eaux grises, contribution à l’élaboration de stations électriques dédiées, proximité sièges sociaux des entreprises pour accélérer leur transformation digitale, développement d’activité « data centric », création d’un pôle numérique et de compétitivité, etc. Les bénéfices peuvent être multiples s’ils sont pensés en amont.  

La mise en place d’un schéma directeur impliquant toutes les parties prenantes à l’échelle des territoires semble donc nécessaire alors que nos usages numériques, soit la croissance des données, évolue à un rythme effréné de 139 % par an. Le volume de données échangé dans le monde sera donc multiplié par 10 tous les 6 ans. Vertigineux.  

Tout l’intérêt d’un tel schéma réside dans la capacité à planifier les enjeux de construction des réseaux électriques, de création de sources d’énergies renouvelables dédiées, de sanctuarisation du foncier, d’alimentation des réseaux de chaleur, tout en limitant les externalités négatives auprès des communautés locales.  

Cette prévisibilité des besoins aurait certainement pour effet d’apaiser les débats et surtout de permettre un développement serein, et synonyme de croissance, du Numérique en France.  

Par Fabrice Coquio, président Digital Realty France